La villa qui a sculpté le style Dior
Entre mer et jardin, la villa Dior à Granville révèle comment l’enfance du couturier a façonné son regard, sa palette et l’architecture de ses silhouettes. Une visite où le lieu raconte la création.
Perchée face à l’océan, la villa “Les Rhumbs” abrite le musée Christian Dior. Ce lieu emblématique, labellisé « Maison des Illustres » et ouvert au public depuis 1997, prépare sa prochaine exposition. J’ai eu la chance de visiter in extremis, celle qui a été présentée jusqu’en novembre ; Jardin enchanteur » qui dévoilait les liens intimes entre Dior et la nature normande un univers de couleurs, de parfums et de souvenirs.
Ce qui suit est le reflet de cette visite : ce que j’y ai découvert, compris, et ressenti.
L'éden de son enfance
C'est dans cette maison rose aux volets gris perle, entourée d'un jardin verdoyant, que Christian Dior voit le jour le 21 janvier 1905. Sa mère Madeleine, passionnée de botanique, lui transmet très tôt cet amour des fleurs qui ne le quittera jamais. Bercé par ce cadre granvillais, le jeune Christian y développe son sens de la délicatesse et son œil pour les formes et les couleurs de la nature. "L'odeur de mon enfance, c'est celle des roses de Granville", confiera-t-il plus tard.
Cette maison deviendra la source d'inspiration de toute son œuvre :
"Les couleurs de ma maison d'enfance sont restées celles de ma maison de couture. Ce crépi rose et ces volets gris perle ont inspiré mes premières collections."
Quand la nature habille la mode
Les pétales aux courbes délicates, les tiges gracieuses, la perfection des fleurs... C'est tout cela qui va façonner sa vision de la féminité : une élégance vivante, profondément naturelle. Les nuances de Granville, ce rose si doux, ce gris perlé, ces verts d'eau, deviennent sa palette favorite, captant avec justesse la lumière si particulière de la Normandie.
Sa collection Printemps-Été 1952 résonne comme un vibrant hommage à cette nature normande. Il imagine des femmes-fleurs s'épanouissant dans des jupes amples, des corsages bien coupés, des épaules adoucies. Le New Look gagne en romantisme, en poésie pure.
Les modèles portent des noms évocateurs : Pivoine, Tulipe, Muguet, tandis que les tissus, légers comme une brise, célèbrent la grâce naturelle du mouvement.
Les robes Andrieux et Vilmorin, portées par Brigitte Bardot et Sylvie Hirsch, incarnent à merveille cet hommage touchant à la botanique de son enfance.
Le jardin de Dior, source d’une éternelle inspiration
Même après la vente de la villa en 1929, Dior restera fidèle à Granville. Il créera à nouveau cet univers dans ses décors de défilés, ses couleurs, son style intact. Aujourd'hui encore, la Maison Dior perpétue cet héritage, comme en témoigne la robe "Passage 36 Coré" de Maria Grazia Chiuri qui renoue avec cette magie des fleurs et des pastels.
Le musée Dior à Granville rouvrira ses portes en avril 2026 avec une nouvelle exposition qui poursuivra ce dialogue entre nature, enfance et création. Le secret est bien gardé, mais on devine qu'il sera encore question de cette alchimie si particulière qui a fait de Dior le poète de la couture.
Auteure : Alice Ruiz
Étudiante en architecture à Rennes, je m’intéresse aux dialogues entre formes, textures et contextes. Mon écriture cherche à mettre en lumière les passerelles entre architecture, mode et culture visuelle. Chaque projet raconte une histoire.